La nécessité de s’interroger honnêtement
La prise de décision en géopolitique est une activité particulièrement complexe et simple à la fois. La prise de décision se définit par un processus cognitif visant à trancher une série d’actions afin d’aller dans telle direction. Elle est simple car, l’instinct joue un certain rôle mais, elle est complexe car, il s’agit d’un processus intellectuel visant à se poser les bonnes questions mais, aussi à obtenir les bonnes réponses.
Ainsi, toute personne et tous les jours prennent des décisions, basiques : dois-je acheter du pain maintenant ou dois-je le faire demain ? Généralement les enjeux sont modestes : si je n’ai pas de pain ce soir, dans le pire des cas je ne pourrais pas saucer mon assiette ou manger mon fromage (si on en a).
En géopolitique, les enjeux sont infiniment plus délicats : il s’agit d’identifier un problème menaçant les intérêts du pays et à trouver une voire plusieurs solutions.
Les questions à se poser sont les suivantes sachant qu’elles ne sont pas exhaustives :
- Quel est le problème ?
- Quels sont les intérêts ?
- Qu’est-ce que l’on gagne ?
- Qu’est-ce que l’on perd ?
- Quelle est la vision du problème des autres États ?
- Quelles sont les craintes ?
- Quelles seront leurs réactions face à telle action de notre part ?
Toutes ces questions n’ont de sens qu’à la condition préalable d’être conscient des intérêts à protéger. Pour cela, il est essentiel d’être intellectuellement neutre et de ne pas s’enfermer dans des postures « pro » ou « anti ». Dans cet esprit, il est utile de s’intéresser (à nouveau) aux humanités.
Les besoins des « humanités »
La géopolitique ne doit pas être séparée d’autres domaines qui sont hélas classés comme « has been » ou « inutiles » : les humanités doivent être enseignées. Or, force est de constater que les Lettres dites classiques et modernes, l’histoire, la géographie, mais aussi l’apprentissage des langues, la connaissance des arts, des religions et des philosophies ne sont plus considérées comme des matières nobles.
En effet, quasiment plus personne ne sait ce qu’est le traité de Westphalie, ni le Congrès de Vienne, ou même le traité de Versailles et ses avenants, voire les accords de Yalta. Cette précarité intellectuelle et mentale dans les écoles et universités reste inquiétante, car ces établissements font sortir des étudiants et étudiantes qui à terme deviendront des responsables politiques, économiques….
Toutes ces humanités (y compris les langues étrangères) sont des outils pour se mettre à la place de l’interlocuteur pour pouvoir anticiper ses réactions et ne pas être pris par la surprise.
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Pierre VERDIN – ID : 7319745